Episode 6 : Réactions et stats des hommes de légende
Après vous avoir retracé la folle épopée martégale qui a permis au FCM d’accéder à la L1 en 1992-1993, pour le jour J et pour le 6e et dernier épisode, il était important de mettre en lumière les protagonistes pour notre bouquet final, 25 ans après jour pour jour. Découvrez toutes leurs stats et la réaction de la plupart d’entre eux comme Canet, Ralaikera, Mazzoncini, Bouisset, Testa ou encore Bérard. Normal en ce jour d’anniversaire de donner la parole aux hommes qui ont écrit la légende ! Qu ont fait du 15 mai 1993, un jour de gloire…
Fiches, statistiques et photos
les 20 joueurs de l’effectif saison 1992-1993
20 joueurs aux pieds d’or et leur entraîneur… Des garçons dans le vent qui ont écrit la légende du FCM
Les « légendes » se remémorent cette saison inoubliable
Michel BERARD, président du FCM de 1992 à 1994 : « Une saison exceptionnelle, inoubliable. Surtout que ce n’était pas prévu sur le tableau de marche. Au fil du temps, ça l’est devenu. On devait juste penser à se sauver car il fallait terminer dans les 10 premiers suite à la refonte du championnat de D2. Puis, la magie a opéré ! Des joueurs du cru et de talent, des joueurs prêtés qui feront la différence en voulant montrer leur qualité. Un cocktail détonnant. Au soir de la 3ème journée, après deux bons matches en ouverture, nous nous rendons à Nancy, le grand favori. Là-bas, on l’emporte avec un Eric Durand phénoménal dans le but, et tout le monde a affiché sa gnac. On a compris que cette équipe c’était de l’or en barre. Et puis, souvent pour réussir, vous avez besoin de quelques joueurs qui tirent tout le monde vers le haut. Eric Durand, un gardien hors-pair, Ali Benarbia, le talent pur, et Henri Canet, le véritable patron (car beaucoup ont oublié que le capitaine était Stéphane Pounewatchy) et relais de Christian Sarramagna sur le terrain. D’ailleurs, à la trêve lorsque nous sommes premiers, Henri me dit, « on est premier maintenant il va falloir que les autres viennent nous chercher », et nous avons vu qu’ils n’ont laissé personne revenir sur eux, même si Cannes a fini en boulet de canon. Après, le jour du match contre Créteil restera toujours dans mon coeur. C’est le jour où tout a basculé et surtout le jour qui vient finaliser le rêve que nous avons entretenu tout au long de la saison. »
Jean-Roch TESTA, attaquant du FCM en 1993, auteur du doublé contre Créteil : « Le plus beau jour de ma vie, et pourtant, j’en ai fait des clubs. Je débarque à Martigues un jeudi en prêt du Havre, le samedi je commence par un doublé et une passe décisive contre Istres. Le meilleur moyen d’arriver car certains pouvaient se demander l’intérêt de prendre un renfort offensif dans une équipe qui tournait à plein régime avec des supers attaquants comme Castro, Chavrondier ou Philippe. J’étais sur un nuage cette saison-là, surtout que je me savais désiré par les dirigeants et l’entraîneur, que je ne voulais pas rester au Havre. Je me suis de suite fondu dans le moule. La suite, on la connaît ! Le grand jour contre Créteil, mes partenaires sont tétanisés. Je leur dis que je vais marquer, qu’ils ne s’inquiètent pas. Cela aurait pu être prétentieux mais je ne sais pas pourquoi j’étais serein et sûr de moi. Mes buts, je m’en souviens comme si c’était hier. Pierre Chavrondier déborde côté gauche et je croise ma frappe du droit. Le second c’est une tête à la Boli sur un coup franc d’Henri Canet. C’est bateau de le dire, mais ce moment-là de ma vie est à jamais gravé dans ma mémoire. Je ne suis jamais revenu à Martigues mais je parle souvent de cette époque à mes amis. J’espère un jour faire un saut dans la Venise provençale, pourquoi pas, si un jour le club décide de célébrer les joueurs de cette époque. »
Henri CANET, l’emblématique défenseur/milieu du FCM, où il fera toute sa carrière (jusqu’en 1993) : «L’objectif était de ne pas descendre, au final on va en L1 ! 8 descentes par groupe étaient prévues suite à la création d’une poule unique à 22 clubs. Personne n’aurait pu y croire, sauf nous, car nous avions des jeunes bourrés de talents avec déjà beaucoup de maturité. Ces minots m’ont permis, moi l’ancien, de finir ma carrière en apothéose à 33 ans. Je me souviens de cette joie intense lorsque Turcan s’embrase lors du match de la montée. Une liesse populaire qui raisonne encore dans ma tête. Ou encore lorsque je monte sur le grillage face au public pour laisser éclater ma joie. Jusqu’à la fin de mes jours je porterais ça en moi. On a réalisé un truc de grand ! Après, j’ai décidé d’arrêter là-dessus, ma décision était prise bien avant que l’on fasse ce parcours. Christian Sarramagna a tout fait pour que je reste à ces côtés. Comme je voulais arrêter, il voulait que je sois son adjoint. J’ai refusé. Je n’ai aucun regret car pour moi la L1, même si c’est le rêve de tous les joueurs de foot, n’était pas ma priorité. A mon niveau, d’avoir réalisé des coups en coupe comme en 1981 contre Bastia, ou encore, connaître cette montée, c’est comme si c’était ma coupe du Monde. Et sincèrement, il faut savoir s’arrêter au bon moment et je ne pouvais pas rêver meilleure sortie.»
Le jour du match contre Créteil, les 11 hommes qui vont finaliser la légende en propulsant le FCM en D1. en haut: Stéphane Blondeau, Eric Durand, Stéphane Pounewatchy, Henri Canet, Haja Ralaikera, David Mazzoncini. En bas: Stéphane Roche, Gilles Petrucci, Jean-Roch Testa, Ali Banarbia, Piere Chavrondier
Guillaume BOUISSET, défenseur formé au FCM (parti en 1997) : «Je n’ai jamais retrouvé une ambiance pareille dans un groupe. C’est ce qui a fait la différence. Une véritable aventure humaine grâce à une alchimie parfaite entre joueurs formés au club, les anciens et les joueurs prêtés. Une bande de potes avant d’être une équipe. Des mecs avec du cœur et de l’ambition réunis autour d’Henri Canet notre mentor qui veillait sur nous comme sur ses petits. J’ai failli connaître la même chose quelques années plus tard (1996-1997) mais cette année-là, il n’y avait que deux montées et nous finissons troisièmes. Pareil nous n’avions pas forcément une équipe bâtie pour accéder à la L1 et on est pas passé loin.. Après je suis parti à Guingamp avec la tête pleine de souvenirs. Une aventure incroyable pour moi qui n’était pas pro l’année de la montée et qui a tout connu avec le FCM. Un moment a jamais gravé dans ma mémoire. Je suis tellement marqué par cette aventure, que depuis, je n’ai pas réussi à remettre les pieds à Turcan. L’émotion est trop intense !»
David MAZZONCINI milieu/défenseur formé au FCM (parti en 1996) : « D’avoir tout connu avec Martigues des poussins jusqu’à la L1, en étant 30 fois leader en 34 journées l’année de la montée, c’est fantastique. Cette équipe avait une identité malgré les nombreux joueurs prêtés. C’est comme si nous étions tous nés en Sang et Or. Une équipe de joueurs ambitieux tous au service du collectif avec de la qualité et le soupçon de réussite qui va avec. Nous ne faisions qu’un et dès l’entame de saison on s’est sentis invincibles. Le stage d’avant saison nous a permis de souder ce groupe. Il y avait une solidarité énorme, comme lors de l’affaire Mazzéo, où cela a décuplé nos forces là ou d’autres auraient sombré. Il y avait de la magie en nous. C’est un épopée qui pour ceux qui l’ont connu sera gravée à tout jamais dans nos mémoires. Voir Martigues en ébullition le jour de la montée, ou encore lors du derby à Istres, ce sont des souvenirs qui raisonnent encore dans ma tête. Cà ne nous rajeunit pas mais quel plaisir d’évoquer cette saison exceptionnelle et de voir que 20 ans après personne n’a oublié, comme si c’était hier.»
Haja RALAIKERA, le Malgache du FCM qui aura fait tous les postes de 1987 à 1995 : « Martigues c’est une grande partie de ma vie, un rouage essentiel dans ma carrière. Dès que je parle de Martigues, cela me met les larmes aux yeux, les frissons. Impossible d’oublier ce que j’ai vécu ici. Et puis la saison de la montée, c’est celle de ma reconversion. Je passe de joueur à vocation offensive à un homme de devoir, comme on dit, à savoir dans un rôle défensif à la récupération ou encore latéral. Et cela se passe bien car au bout il y a l’accession. Un moment énorme, surtout lorsque je marque le but lors de l’avant dernière journée à Istres. J’ai retrouvé mon âme d’attaquant lorsque l’entraîneur décide de tenter un coup de poker en me titularisant en pointe aux côtés de Testa. Ce petit but, qui est et restera le plus beau jour de ma vie, nous a permis d’avoir notre destin en main lors de la dernière journée contre Créteil. Après, c’était de la folie ! Je me souviens de cette liesse qui a emparé la ville, le stade. Il n’y a pas de mots pour décrire ce que l’on ressent. Juste que 20 ans après pouvoir se dire que l’on a fait un truc de grand ! »
25 ans après, le FCM pourrait-il retrouver la Ligue 1 ?
25 ans nous séparent de l’accession en D1. Depuis les choses ont changé. Economiquement surtout. Déjà parent pauvre du foot à l’époque (un budget de 37 millions de Francs) le FCM pourrait-il à nouveau s’inviter dans la cours des grands ? Michel Bérard, président lors de l’accession et qui aura été membre de la DNCG (1994-1998 puis 2009-2010), revenu au club en 2013 pour apporter ses compétences disait alors : «A l’époque déjà, c’était compliqué d’exister et de résister. Avec le recul, peut-être nous n’aurions pas dû monter. Alors imaginez aujourd’hui. Même si les droits TV sont plus conséquents que jadis, il faut réussir à trouver des mécènes car les coûts sont plus élevés, à l’image des salaires.» Sans oublier que les clubs survivent plus que ce qu’ils existent non loin des grandes métropoles, «et ici, à côté il y a l’ogre olympien qui attire tout comme un aimant.» Le FCM en L1, ce n’est pas pour demain, mais retrouver le professionnalisme ne semble pas utopique. Le mécène est peut-être Baptiste Giabiconi qui est arrivé à la présidence en juin 2017 avec son projet : objectif pro 2022. Autrement dit, retrouver le monde pro et la Ligue 2 en 2022. Le club martégal retrouverait alors une division où il a officié 24 saisons. Mais pour l’instant, nous n’avons que les souvenirs…
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